Relance du nucléaire, éolien en mer, gaz… Le Royaume-Uni présente sa nouvelle feuille de route énergétique
Alors que beaucoup de pays de l’Union européenne sont aujourd’hui coincés dans leur dépendance au gaz russe, au point de relancer à tour de bras des centrales à charbon, le premier ministre britannique, Boris Johnson, a marqué sa différence en présentant sa nouvelle feuille de route énergétique, jeudi 6 avril. Au programme, la construction de huit nouveaux réacteurs nucléaires et le développement à très grande échelle de parcs éoliens en mer. Bref, c’est une accélération très nette de la politique actuelle.
La nouveauté est néanmoins le lancement, dès cet automne, d’autorisations d’exploration pétrolière et gazière en mer du Nord. Elles sont rendues nécessaires, selon Boris Johnson, pour réduire l’exposition du pays « à des prix internationaux volatils ».
L’amélioration des techniques de récupération devrait permettre de faire remonter plus de gaz et de pétrole des anciens champs, d’autant que les plateformes et les pipelines sont toujours là. «Le fait d’avoir été de grands producteurs d’hydrocarbures et de ne plus l’être aujourd’hui rend les Britanniques plus attentifs au problème de la dépendance énergétique et de la sécurité d’approvisionnement », souligne Maxence Cordier, ingénieur dans le secteur de l’énergie.
« L’Arabie saoudite de l’éolien »
Le plan prévoit de doubler quasiment l’éolien offshore d’ici à 2030 pour atteindre 50 GW. En 2018, l’objectif du gouvernement était d’arriver à 30 GW. En 2021, il l’avait relevé à 40 GW, Boris Johnson expliquant vouloir faire de son pays « l’Arabie saoudite de l’éolien ».
« La Grande-Bretagne possède une très grande façade maritime, des régimes de vents très favorables, peu de profondeur sous-marine et des sols assez durs en mer du Nord pour pouvoir ancrer les turbines », rappelle Philippe Charlez, expert énergie à l’institut Sapiens. Les conditions sont idéales. Les parcs peuvent donc être installés très loin au large, où les rendements sont meilleurs, évitant la contestation des riverains et des pêcheurs, à l’instar de ce qui se passe en France.
En quelques années, la Grande-Bretagne est ainsi devenue le champion du monde de l’éolien en mer et enchaîne les records, comme avec Hornsea 2, devenu en décembre 2021 le plus grand champ offshore jamais construit. Installé à 89 kilomètres des côtes du Yorkshire, il affiche une puissance de 1,3 GW.