Gaz : les achats groupés de l’Europe avancent difficilement
L’Europe du gaz reste imparfaite. Si les échanges entre pays européens se sont intensifiés cet hiver , permettant d’éviter les pénuries, la question des achats groupés demeure pour l’instant en suspens.
Il y a quelques jours, la Commission européenne a confié la gestion de la plate-forme d’achat à la société allemande Prisma. Celle-ci est chargée désormais d’agréger la demande des différents pays européens et de chercher différentes offres sur les marchés mondiaux pour obtenir les meilleurs prix.
Les Etats membres devront s’assurer que leurs compagnies nationales participent à la mise au point de la demande, à hauteur de 15 % des volumes nécessaires pour remplir leurs stocks de gaz à 90 %. Cela représenterait environ 13,5 milliards de mètres cubes pour l’ensemble de l’Union européenne.
Dans un deuxième temps, les gaziers et les entreprises consommatrices pourront choisir d’acheter du gaz par l’intermédiaire de la plate-forme, individuellement ou en se regroupant avec d’autres, à des producteurs ou des fournisseurs de gaz naturel qui répondent à la demande agrégée – cette étape n’a rien d’obligatoire toutefois. Le gaz russe sera exclu de l’achat commun. Et le dispositif inclut les pays de la communauté de l’énergie : les Balkans, l’Ukraine et la Moldavie.
Des questions de concurrence
« La mise en commun de la demande au niveau de l’Union européenne permettra de faire en sorte que les pays disposent d’un meilleur effet de levier lors de l’achat de gaz sur les marchés mondiaux et que les Etats membres ne se livrent pas à une surenchère mutuelle au cours du processus », fait-on valoir à la Commission.
Du côté des énergéticiens, toutefois, certains traînent des pieds et émettent de forts doutes sur le dispositif. Les grandes entreprises ont souligné, lors des discussions avec la Commission, qu’elles jouaient déjà un rôle d’intermédiaire sur le marché, achetant du gaz en grande quantité et le revendant à de plus petites structures. Elles entreraient ainsi en concurrence avec le mécanisme européen. « Il est important que la solidarité prévale. Les petits pays peuvent avoir des problèmes d’accès au marché », rétorque-t-on à la Commission.